Fort d'un master en relations internationales et de 6 ans d'expérience dans la fonction publique, je souhaite mener des actions de formation et coordonner des projets pédagogiques dans les domaines de la coopération internationale, de la citoyenneté, et de la médiation socioculturelle.
Je m'appelle Fabien Devilliers, j'ai 27 ans et mon histoire commence par un événement un peu particulier. Précisément, mon entrée en seconde est marquée par une période brève, mais pénible de harcèlement. Pour échapper à mes bourreaux, je me réfugie dans les jeux vidéo. L’année suivante en première scientifique, ce refuge devient vite un piège d’addiction qui se renferme sur moi et me conduit à un redoublement.
Ce dernier sera finalement une renaissance. En 2012, je change de lycée, je change de filière et je range ma console dans un carton. Je découvre l’économie, la sociologie et surtout l’art et la musique. Le dessin et la peinture, ainsi que la batterie libèrent ma créativité. Un de mes amis de l’époque me fait découvrir Matthieu Ricard et le bouddhisme, un autre Christophe André et la médiation et de moi-même je dévore les livres d’Alexandre Jollien qui m’aident à redécouvrir ma différence et à l’apprécier.
En 2014, je concrétise un rêve d’enfant en devenant Conseiller municipal à Allassac. Face à moi une
assemblée d’hommes et de femmes qui ont le double, voire le triple de mon âge. J’apprends à m’affirmer, à défendre mes idées. J’y aiguise mon esprit critique ainsi que mon sens de la repartie. Je m'engage plus particulièrement pour la participation citoyenne, la jeunesse et le devoir de
mémoire.
Cet engagement se prolonge à la fac de droit où j’assouvis ma curiosité et mon désir de justice, notamment, en cours de droit constitutionnel et d’histoire du droit. Les trois années passent vite et je dois alors choisir la ville dans laquelle je poursuivrai mes études. Je décide de partir à Clermont-Ferrand pour y apprendre les relations internationales. Je prends conscience de nouveaux défis, de la complexité du monde et je rencontre des étudiants qui viennent de la France entière, mais aussi de Turquie, du Nigeria, du Soudan, de la Guinée ou encore de l’Inde.
En parallèle de mes études je poursuis mon mandat de Conseiller municipal et mon regard change sur la politique locale et nationale. Mon enthousiasme du début s’effrite. Je prends conscience d’un certain nombre de blocages : une classe politique vieillissante qui ne comprend pas les changements à venir, comme le climat, le numérique et le système représentatif; une organisation administrative (déconcentration/décentralisation), lourde et inachevée. Je vois de mes yeux la guerre des egos et du pouvoir qui se traduit par des arrangements, des gestes, des paroles sans loyauté, ni amour de la chose publique.
Cette prise de conscience ne me décourage pas pour autant. Je commence à écrire mes réflexions. Je voyage au Québec et je découvre une culture du challenge et de la positivité. Je participe aux rencontres internationales des villes Michelin, je fais du tutorat auprès des premières années de licence, avant d’organiser avec mes camarades de promotion un voyage à La Haye pour rencontrer les acteurs de la justice internationale. Enfin, je participe au concours « la parole aux étudiants » (aujourd’hui la parole aux 18-28) organisé par le Cercle des économistes.
En 2018, je termine mon master avec un mémoire de recherche sur la laïcité. Une étude comparative entre la France, les États-Unis et le Canada pour prendre de la distance avec un principe devenu bien plus politique et idéologique que juridique et scientifique.
L’histoire se complique après cette période riche en rencontres et en apprentissages. Je traverse une « zone de turbulences » et d’hésitations professionnelles. Je renonce à mes projets internationaux et à mes ambitions politiques, mais pas à mon engagement pour l'intérêt général et le service public. Je commence par enseigner l’histoire-géographie dans le secondaire. Les débuts sont difficiles. Je manque d’assurance face à des classes de 30 à 35 élèves. Ma pédagogie n’est pas bonne, trop verticale et très vite je change d’approche. Donner la parole à mes élèves devient plus important que de la prendre.
Je réalise à quel point le système scolaire les brise à grands coups de moyenne et d’examen sans autre finalité que de les « trier ». J’expérimente avec eux ce que j’aurais voulu connaître à leur place : en cours d’EMC j’organise des débats, je leur propose de la musique pendant les évaluations, je commence le cours avec une vidéo sur un sujet d’actualité et une discussion, je les encourage à chercher l’information par eux-mêmes et accorde autant de place à l’écrit qu’à l’oral. Enfin et surtout nous co-construisons un cadre d’apprentissage qui promeut le respect mutuel, le développement personnel et la bienveillance.
Malgré mon goût pour l’enseignement, en avril 2019, je décide de quitter l’Éducation nationale pour un poste au Conseil départemental de la Creuse de chargé de projets dans le domaine de l’insertion professionnelle et sociale. J’y découvre l’économie sociale et solidaire, les tiers-lieux, l’extrême ruralité, les freins à l’emploi et le fonctionnement de l’administration. Mais ce qui retient le plus mon attention c’est le numérique et plus précisément la fracture numérique.
C’est pour cette raison – et aussi pour mon amour de la montagne – qu’en février 2020, je décide de rejoindre La Fibre64 en tant que médiateur numérique itinérant. Très vite je comprends les enjeux immenses qu’il y a derrière le déploiement du très haut débit et de la formation aux usages numériques. Ma formation universitaire m’incite à prendre du recul en regardant comment dans le monde le problème est expliqué et traité. Également, à me documenter sur les dispositifs et méthodes de formation/médiation. Ce travail de recherche débouche sur l’identité pédagogique « CapitaineFibre » et un petit guide du numérique, ainsi que sur des réflexions plus personnelles sur les origines de cette fracture et son avenir.
Aujourd’hui, conscient que ce travail à échelle départementale qui cible en priorité les personnes en situation de précarité et les aînés, j’ai décidé de créer « Numérique & Moi ». Mon projet est d’atteindre un public déjà utilisateur du numérique, mais qui n’a pas le temps de venir à des ateliers de médiation numérique, ou qui n’en ressent pas le besoin. Je pense, mais je n‘en ai aucune preuve que le numérique souffre des mêmes freins que le changement climatique. Ils sont tous les deux des sujets complexes qui s’imposent à nous et ont – et auront - des conséquences importantes sur nos modes de vie. Pour autant, cette complexité et cette contrainte se heurtent à nos priorités individuelles et à notre peur du changement.
Aussi, l’objectif et la ligne directrice de « Numérique & Moi » est de proposer un format très visuel et volontairement synthétique. Il s’agit d’apporter un premier niveau d’information, ou pour le dire autrement, d’attirer l’attention avec une petite dose de savoir et de conseils pratiques.
Depuis avril 2022, j'ai décidé d'écrire une nouvelle histoire, de m'engager dans une autre voie. Il m'aura fallu plus de 8 ans pour sauter le pas, mais surtout un profond découragement et une perte de sens professionnelle.
Ce nouveau projet est une aventure de 3 000 km à vélo au départ du camp de concentration de Gurs le 24 avril et une arrivée à Auschwitz en juillet. Au-delà du défis sportif et de l'aspect historique de cette aventure, il y a un engagement pour l'Unicef à travers une cagnotte en ligne. Enfin, cette aventure c'est aussi une quête personnelle.
Pour en savoir plus sur l'aventure mémorielle : www.laventurememorielle.org
Je suis arrivé le 17 juin 2022 à Auschwitz. Après 55 jours à pédaler, après avoir collecté plus de 3000 € pour l'UNICEF, rencontré près de 400 élèves, j'ai décidé de poursuivre mon cheminement et d'écrire une nouvelle page de ma vie.
Depuis octobre, j'ai commencé une formation professionnelle pour devenir un professionnel de l'apprentissage et du partage de la connaissance.